lundi 4 septembre 2017

Vous prendrez bien une veste ?

Retourner sa veste n'est pas vu d'un très bon œil en politique. Et pourtant, plus d'un candidat à une élection a ainsi changé de couleur politique dans l'espoir de décrocher un siège convoité. L'origine de cette expression est amusante. C'est en effet la version moderne de l'expression beaucoup plus ancienne tourner casaque. La casaque est à l'origine un vêtement militaire et désigne, par extension, l'uniforme du soldat, en l'occurrence celui de Charles-Emmanuel de Savoie, Prince de Piémont et gendre de Philippe II d'Espagne. Voulant être roi, ce dernier n'hésitait pas à s'allier indifféremment avec la France ou l'Espagne au gré circonstances. Sa casaque, blanche d'un côté et rouge de l'autre, portait les couleurs de chaque nation. Il lui suffisait alors de porter le blanc pour la France et le rouge pour L'Espagne en tournant sa casaque. De la vient l'expression tourner casaque – et sa version moderne retourner sa veste - qui signifie changer de camp ou d'opinion de manière intéressée au gré des circonstances. On la retrouve dans le refrain de la chanson Je suis un opportuniste de Jacques Dutronc de 1968 :

Il y en a qui contestent
Qui revendiquent et qui protestent
Moi je ne fais qu'un seul geste
Je retourne ma veste
Je retourne ma veste
Toujours du bon côté

Il arrive – fort heureusement pour la morale – que le candidat qui retourne sa veste pour gagner une élection finisse par la perdre et par prendre (ou se prendre) une veste. L'origine de cette expression est beaucoup moins évidente. Au départ, il n'était pas question de veste, mais de capot, quelque chose qui sert à protéger comme par exemple le capot d'une voiture, mais qui a également donné capote qui désigne un manteau long tel que la capote militaire portée par les poilus au cours de la 1ère Guerre mondiale. Mais en même temps, capot est un terme utilisé dans certains jeux de cartes pour désigner le joueur qui n'a marqué aucun point et qui se retrouve ainsi capot. Ce sens nous ramène à l'allemand kaputt ! Et la capote désignait le coup par lequel on mettait un adversaire capot. Mais alors pourquoi ne dit-on pas prendre (ou se prendre) une capote ? C'est dans la seconde moitié du 19ème siècle que, par l'effet d'un jeu de mots, la capote s'est transformée en veste. Ainsi, celui qui subit un échec prend-il ou se prend-il une veste. On pourrait aussi dire qu'il se prend un râteau, expression qui a deux origines possibles : soit la mésaventure de celui qui marche malencontreusement sur le peigne d'un râteau et se prend violemment le manche de celui-ci dans la figure ; soit une substantivation humoristique du verbe rater qui donne râteau plutôt que ratage. 

De la veste au râteau, les méandres de la langue française regorgent de trésors insoupçonnables.

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