Retourner
sa veste n'est pas
vu d'un très bon œil en politique. Et pourtant, plus d'un candidat à une
élection a ainsi changé de couleur politique dans l'espoir de décrocher un siège
convoité. L'origine de cette expression est amusante. C'est en effet la version
moderne de l'expression beaucoup plus ancienne tourner casaque. La casaque
est à l'origine un vêtement militaire et désigne, par extension, l'uniforme du
soldat, en l'occurrence celui de Charles-Emmanuel de Savoie, Prince de Piémont
et gendre de Philippe II d'Espagne. Voulant être roi, ce dernier n'hésitait pas
à s'allier indifféremment avec la France ou l'Espagne au gré circonstances. Sa casaque, blanche d'un côté et rouge de
l'autre, portait les couleurs de chaque nation. Il lui suffisait alors de
porter le blanc pour la France et le rouge pour L'Espagne en tournant sa casaque. De la vient
l'expression tourner casaque – et sa
version moderne retourner sa veste - qui
signifie changer de camp ou d'opinion de manière intéressée au gré des
circonstances. On la retrouve dans le refrain de la chanson Je suis un opportuniste de Jacques
Dutronc de 1968 :
Il
y en a qui contestent
Qui
revendiquent et qui protestent
Moi
je ne fais qu'un seul geste
Je
retourne ma veste
Je
retourne ma veste
Toujours
du bon côté
Il arrive – fort heureusement pour
la morale – que le candidat qui retourne
sa veste pour gagner une élection finisse par la perdre et par prendre (ou se prendre) une veste. L'origine
de cette expression est beaucoup moins évidente. Au départ, il n'était pas
question de veste, mais de capot, quelque chose qui sert à protéger
comme par exemple le capot d'une
voiture, mais qui a également donné capote
qui désigne un manteau long tel que la capote
militaire portée par les poilus au cours de la 1ère Guerre mondiale.
Mais en même temps, capot est un
terme utilisé dans certains jeux de cartes pour désigner le joueur qui n'a
marqué aucun point et qui se retrouve ainsi capot.
Ce sens nous ramène à l'allemand kaputt
! Et la capote désignait le coup par
lequel on mettait un adversaire capot.
Mais alors pourquoi ne dit-on pas prendre
(ou se prendre) une capote ? C'est dans la seconde moitié du 19ème siècle
que, par l'effet d'un jeu de mots, la capote
s'est transformée en veste. Ainsi,
celui qui subit un échec prend-il ou se prend-il une veste. On pourrait aussi
dire qu'il se prend un râteau, expression
qui a deux origines possibles : soit la mésaventure de celui qui marche
malencontreusement sur le peigne d'un râteau
et se prend violemment le manche de celui-ci dans la figure ; soit une
substantivation humoristique du verbe rater
qui donne râteau plutôt que ratage.
De la veste au râteau, les
méandres de la langue française regorgent de trésors insoupçonnables.
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