vendredi 15 septembre 2017

Musique Maestro !

On dit que la musique adoucit les mœurs ; en tout cas elle enrichit notre vocabulaire. Ne sommes-nous pas tous convaincus que l'expression mener à la baguette renvoie à la baguette du chef d'orchestre qui s'en sert pour diriger ses musiciens ? Objection, votre Honneur ! L'étymologie est beaucoup plus martiale : la baguette désigne en fait l'épée des chefs militaires qu'ils utilisaient pour commander, pour mener leurs troupes. C'est une forme de commandement nettement plus brutale que celle du chef d'orchestre ; quoique … De la baguette à la braguette  il n'y a qu'un pas, ou plutôt une lettre. Et là nous revenons dans l'univers de la musique ; en effet, l'une des plus jolies définitions de la braguette n'est-elle pas : "l'ouverture de la flûte enchantée" ?

Donner le la : c'est à partir de cette note que les musiciens de l'orchestre accordent leurs instruments ; par extension, cette expression signifie donner le ton, donner l'exemple. Comment faire pour donner le la ? Par exemple au moyen d'un diapason. Et, si l'on n'avait pas de diapason sous la main, il suffisait, avant la généralisation de la téléphonie par internet, de décrocher son téléphone fixe dont la tonalité correspondait à la note la. On peut aussi, au sens figuré, se mettre au diapason d'un interlocuteur ou de son environnement, autrement dit en accord ou en harmonie avec celui-ci.

Comment le pipeau, cette petite flûte champêtre, s'est-il retrouvé dans l'expression c'est du pipeau, qui signifie "c'est une blague", "ce n'est pas sérieux" etc. ? Parce le pipeau désigne également un appeau, instrument servant à attirer, à leurrer (on parle aussi d'un leurre) les oiseaux en imitant leurs cris, généralement dans un but avicide. Cette manœuvre, qu'on peut assimiler à une tromperie à l'égard des volatiles condamnés, est sans doute à l'origine de l'expression c'est du pipeau pour qualifier quelque chose de faux, d'infondé.

Pour éviter d'aller plus vite que la musique, mieux vaut être réglé comme du papier à musique, autrement être bien organisé, prévoir les moindres détails, voire avoir des habitudes très régulières, aussi régulières que les cinq lignes parallèles de la portée musicale.

Enfin, comment se fait-il qu'en argot, le violon désigne une prison. Deux explications possibles : au 13ème siècle, au Palais de Justice de Paris (où se trouvait une prison), le seul loisir autorisé aux prisonniers selon un arrêté royal était le violon, et si l'on allait au violon, la destination était bien la prison. A moins que cette expression ne provienne de l'analogie entre les cordes du violon et les barreaux de la prison. Pour éviter de se retrouver au violon, peut-être vaut-il mieux, avant d'être arrêté, faire l'Arlésienne, ce personnage d'un conte d'Alphonse Daudet qui donne son nom à un opéra Bizet, mais que l'on ne voit jamais. L'Arlésienne désigne ainsi une personne ou une chose que l'on attend, mais qui n'arrive jamais.

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