Après notre dernier billet consacré
à la veste qu'on peut prendre ou retourner, intéressons-nous aujourd'hui à un autre attribut
vestimentaire bien présent dans la langue française : la culotte.
A une époque pas si lointaine, où le
genre était un concept grammatical et non sociologique, on jugeait naturel que,
dans un couple, l'homme – qui portait la
culotte – était le chef auquel la femme, qui portait la jupe, était censée
se soumettre. Mais heureusement le monde a évolué – pas autant qu'on pourrait
le souhaiter – et de plus en plus souvent c'est la femme qui, dans le couple, porte la culotte, autrement dit qui
commande. Et encore cela ne vaut-il que pour les couples hétérosexuels ; dans
les couples de personnes du même sexe, sans doute dit-on que c'est x ou y qui porte la culotte pour désigner celui ou
celle des deux qui dirige. Cette expression devrait disparaître le jour où une
réelle égalité existera entre les deux membres d'un couple et où le port de la culotte sera partagé à parts
égales …
Les sans-culottes, quant à eux, sont les révolutionnaires qui portent
des pantalons à rayures et non la culotte (la culotte courte avec des bas)
des aristocrates de l'ancien régime. Plus récemment, on pouvait entendre
Jean-Luc Mélenchon déclarer à l'Assemblée nationale : "Il y a eu dans
cette Assemblée des sans-culottes, il
y aura désormais des sans-cravates".
Dans une campagne électorale, il
n'est pas rare d'entendre qu'un candidat marque
son concurrent à la culotte. La culotte nous vient ici du monde du
sport, plus précisément du football. Marquer
son adversaire veut dire le suivre, le surveiller de très pour ne lui laisser
aucune marge de manœuvre, aucun espace de liberté. Le marquer à la culotte (ici le short du footballeur) signifie que le
marquage est particulièrement proche et insistant.
Et si l'on dit de quelqu'un qu'il
est particulièrement culotté ou qu'il
ne manque pas de culot ? L'origine de
cette expression est moins évidente : le culot
(d'une lampe ou d'une bouteille par exemple) désigne à l'origine la partie
basse d'un objet. Et donc, celui qui est culotté
ou qui a du culot ne perd pas
facilement son équilibre, car il s'appuie sur une base solide. On dira aussi
qu'il ne manque pas d'aplomb voire de
toupet. Mais d'où nous vient donc ce toupet qui caractérise les effrontés ? Au
16ème siècle en Italie, les "bravi", sortes de tueurs à
gages, cachaient leur visage à l'aide d'un toupet
pour ne pas être reconnus lorsqu'ils commettaient leurs méfaits. Et le toupet est ici une touffe de cheveux
qu'on laisse pousser en haut du front ou sur le sommet du crâne.
A-t-on vu un jour, durant
la Révolution française, un sans-culotte
suffisamment culotté pour marquer à la culotte un aristocrate dont
l'épouse portait la culotte ? Il
faudrait avoir un sacré toupet pour
l'affirmer !
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