vendredi 8 septembre 2017

Avec ou sans culotte ?

Après notre dernier billet consacré à la veste qu'on peut prendre ou retourner, intéressons-nous aujourd'hui à un autre attribut vestimentaire bien présent dans la langue française : la culotte.

A une époque pas si lointaine, où le genre était un concept grammatical et non sociologique, on jugeait naturel que, dans un couple, l'homme – qui portait la culotte – était le chef auquel la femme, qui portait la jupe, était censée se soumettre. Mais heureusement le monde a évolué – pas autant qu'on pourrait le souhaiter – et de plus en plus souvent c'est la femme qui, dans le couple, porte la culotte, autrement dit qui commande. Et encore cela ne vaut-il que pour les couples hétérosexuels ; dans les couples de personnes du même sexe, sans doute dit-on que c'est x ou y qui porte la culotte pour désigner celui ou celle des deux qui dirige. Cette expression devrait disparaître le jour où une réelle égalité existera entre les deux membres d'un couple et où le port de la culotte sera partagé à parts égales …

Les sans-culottes, quant à eux, sont les révolutionnaires qui portent des pantalons à rayures et non  la culotte (la culotte courte avec des bas) des aristocrates de l'ancien régime. Plus récemment, on pouvait entendre Jean-Luc Mélenchon déclarer à l'Assemblée nationale : "Il y a eu dans cette Assemblée des sans-culottes, il y aura désormais des sans-cravates".

Dans une campagne électorale, il n'est pas rare d'entendre qu'un candidat marque son concurrent à la culotte. La culotte nous vient ici du monde du sport, plus précisément du football. Marquer son adversaire veut dire le suivre, le surveiller de très pour ne lui laisser aucune marge de manœuvre, aucun espace de liberté. Le marquer à la culotte (ici le short du footballeur) signifie que le marquage est particulièrement proche et insistant.

Et si l'on dit de quelqu'un qu'il est particulièrement culotté ou qu'il ne manque pas de culot ? L'origine de cette expression est moins évidente : le culot (d'une lampe ou d'une bouteille par exemple) désigne à l'origine la partie basse d'un objet. Et donc, celui qui est culotté ou qui a du culot ne perd pas facilement son équilibre, car il s'appuie sur une base solide. On dira aussi qu'il ne manque pas d'aplomb voire de toupet. Mais d'où nous vient donc ce toupet qui caractérise les effrontés ? Au 16ème siècle en Italie, les "bravi", sortes de tueurs à gages, cachaient leur visage à l'aide d'un toupet pour ne pas être reconnus lorsqu'ils commettaient leurs méfaits. Et le toupet est ici une touffe de cheveux qu'on laisse pousser en haut du front ou sur le sommet du crâne.

A-t-on vu un jour, durant la Révolution française, un sans-culotte suffisamment culotté pour marquer à la culotte un aristocrate dont l'épouse portait la culotte ? Il faudrait avoir un sacré toupet pour l'affirmer !

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