samedi 23 septembre 2017

C'est le pied !

L'extrémité de nos membres inférieurs, le pied est omniprésent dans la langue française. Avant de nous laisser couper l'herbe sous le pied, essayons de faire le tour de la question. Dans l'expression couper l'herbe sous le pied, qui signifie se faire devancer ou prendre de court, l'herbe désignait à l'origine les légumes et plantes qu'on mangeait, sous forme de bouillon ou de soupe par exemple. Ce sens a évolué pour désigner plus généralement les aliments et moyens de subsistance. Si l'on se faisait couper l'herbe sous le pied, on se trouvait ainsi privé d'un moyen de se sustenter. Aujourd'hui, cette expression décrit plus généralement une situation dans laquelle on s'est fait priver d'un avantage par quelqu'un d'autre qui a su être plus réactif.

Ce n'est pas une raison pour nous tirer une balle dans le pied ! Ce sont, dit-on, des soldats désireux d'être éloignés du front qui se tiraient une balle dans le pied, pour se voir reconnus inaptes à la faveur d'une blessure (non mortelle) qu'ils s'étaient infligée volontairement. Cet aspect volontaire a disparu de nos jours et celui qui se tire une balle dans le pied agit – involontairement – contre son intérêt. On pense ici à d'autres expressions de sens similaire telles que marquer un but contre son camp ou scier la branche sur laquelle on est assis.

Il ne faut pas toujours prendre un texte au pied de la lettre, c.-à-d. de façon totalement littérale. L'expression viendrait de la Bible, plus précisément de la Deuxième épître (lettre) aux Corinthiens où une interprétation littérale des mots est opposée à l'esprit d'un texte. Le terme de pied y a ici le sens de mesure ; on pourrait dire prendre à la mesure de la lettre.

Et une locomotive haut le pied alors ? Il s'agit d'une locomotive qui circule seule, sans tirer de wagons. Dans le passé, lorsqu'un cheval n'était pas attelé et n'avait donc pas lourdes charges à tirer ou lorsque les attelages étaient vides, il levait les pattes plus haut car il se déplaçait avec plus d'aisance : il avançait donc haut le pied, tout comme la locomotive qui ne remorque rien (et qui très certainement se sent, elle aussi, plus légère).

Le lecteur de ce billet resterait sûrement sur sa faim si l'on n'évoquait pas l'expression prendre son pied. Contrairement à ce que l'on pense parfois, cette locution ne renvoie pas au bébé qui s'empare de son pied et suce son orteil avec grand plaisir. Dans l'argot du 19ème siècle, le pied désigne la part du butin qui revient à chacun des complices d'un vol. Celui qui prend son pied en retire donc une grande satisfaction, un réel plaisir. Et c'est ce sens de plaisir intense qui subsiste aujourd'hui lorsqu'on dit qu'on prend son pied au point culminant du plaisir sexuel !

Alors, ce blog, c'est le pied ?

4 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas 'haut le pied'! Ni l'origine de prendre son pied, le Butin. Oui c'est le pied, ton blog.

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  2. Le panard intégral en effet, tous les amateurs de belle langue devvraient y trouver chaussure à leur...pied...
    Merci!

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    1. Merci ! Tout va bien tant qu'on n'a pas les deux pieds dans le même sabot !

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