Les
relations humaines n'étant pas toujours caractérisées par l'harmonie la plus
complète, nous avons voulu nous intéresser aux expressions qui qualifient les
rapports humains conflictuels.
Dans le
billet "Vous prendrez bien une veste", nous avions déjà évoqué la
situation inconfortable d'une personne qui se prend un râteau. Mais on peut tout aussi bien se prendre un vent ou, si l'on change de point de vue, mettre un vent à quelqu'un. L'origine de
cette expression, assez récente, est difficile à cerner. Précisons d'emblée
qu'a priori le vent dont il est
question ici n'a rien à voir avec les conséquences métaboliques de la
consommation de cassoulet ou de soupe à l'oignon… On se prend un vent en particulier lorsqu'on échoue dans une tentative
de séduction : le séducteur entreprenant s'approche du visage d'une personne
pour l'embrasser et, à la dernière seconde, celle-ci se dérobe en se détournant,
laissant notre séducteur en quelque sorte dans
le vent.
Restons
dans le domaine aérologique avec deux expressions très imagées – à l'étymologie
assez mystérieuse – pour qualifier des remontrances ou un rappel à l'ordre
énergique : se prendre une soufflante
et se faire souffler dans les bronches.
S'agirait-il de la sensation éprouvée par la "victime" lorsque l'auteur
de l'engueulade lui crie dessus en se rapprochant de son visage ? Peut-être. Synonyme
: se faire remonter les bretelles,
avec ici deux étymologies possibles : au cours d'une bagarre l'un des
protagonistes saisit l'autre par les bretelles
et le secoue pour le ramener à la raison. Ou bien, quand les bretelles d'une personne sont mal fixées
ou détendues, le porteur de ces dernières peut avoir assez mauvaise allure avec un pantalon
qui tirebouchonne. En lui remontant les
bretelles, on lui redonne une bonne allure, bien ordonnée ; au sens figuré remonter les bretelles pourrait ainsi
signifier "rétablir l'ordre" (au besoin avec quelques remarques bien
senties).
Et toujours
dans le même ordre d'idées, on peut se faire
appeler Arthur, avec, là encore, deux origines possibles, aussi pittoresques
et non-avérées l'une que l'autre. Durant l'Occupation en France, les Allemands
avaient imposé un couvre-feu qui débutait à vingt heures – en allemand acht Uhr. Pour rappeler à l'ordre les
passants qui s'aventuraient dans les rues après l'heure fatidique, les soldats
allemands indiquaient leur montre en disant acht
Uhr ; les Français comprenaient Arthur
: c'est peut-être ainsi que de ce rappel à l'ordre est née l'expression se faire appeler Arthur. Autre hypothèse : en argot, un arthur (comme un jules) désignait un proxénète ;
l'expression se faire appeler Arthur
tout comme se faire appeler Jules
qu'on entend parfois était donc tout sauf élogieuse.
Enfin,
toujours au chapitre des remontrances, mentionnons l'expression entendre parler du pays. Le parent qui
sermonne son enfant en lui disant "si tu continues comme ça, tu vas entendre parler du pays" ne lui
promet pas une émission de radio ou de télévision évoquant la douce France,
mais plutôt une engueulade bien sentie.