Le libéralisme : voilà bien un concept auquel on fait dire tout et son
contraire. Au départ, le libéralisme
est une doctrine philosophique affirmant la liberté comme principe politique
suprême. De nos jours, le libéralisme
avec ses variantes – le social-libéralisme,
le néo-libéralisme, l'ordolibéralisme – est principalement
considéré dans sa dimension économique.
En résumé, le libéralisme économique revient à donner la priorité aux marchés sur
les politiques interventionnistes de l'État. Ce courant de pensée se décline en
plusieurs variantes, somme toute assez proches : l'ordolibéralisme est la version allemande du libéralisme économique à l'origine de l'économie sociale de marché ; cette dernière, qui cherche à assortir
le système capitaliste d'un certain nombre d'amortisseurs sociaux, est
finalement très proche du social-libéralisme.
Or, autant l'économie sociale de marché
est généralement louée pour son efficacité et sa dimension protectrice, autant
le social-libéralisme est souvent
soupçonné d'être bien davantage porteur de valeurs ultra-libérales que de valeurs sociales. Quant au néo-libéralisme, c'est un terme
fourre-tout qui recouvre les évolutions récentes de la pensée libérale.
Jetons maintenant un regard de
l'autre côté de l'Atlantique. Aux États-Unis, l'adjectif liberal se comprend comme le contraire de conservateur ; autrement
dit, un liberal est un progressiste :
on est donc presque à l'opposé du concept de libéralisme comme nous l'employons habituellement. Ce faux-ami
donne souvent lieu à des malentendus. Ainsi, par exemple, dans sa vidéo de soutien
au candidat Emmanuel Macron, l'ex-Président américain Barack Obama déclare
"… he has stood up for liberal
values" ; or, dans la version sous-titrée en français de cette vidéo, on
peut lire "…il a défendu des valeurs libérales"
: on est en présence qu'un complet contresens, et il aurait fallu écrire "…valeurs
progressistes".
Quant aux libertaires, libertins et
autres libéros, ils renvoient tous à
ce bien si précieux qu'est la liberté,
chère à Paul Eluard ("Liberté, j'écris ton nom").
Thanks Edgar! Great post. It seems to me that "social-libéralisme" and "ultra libéralisme" even more so, were used as derogatory terms by French socialists who have never really come to terms with "the market" and who were highly critical of what Schröder and Blair had made of their respective parties. The PS has now had the rug pulled from under its feet by Macron and killed off by LREM!
RépondreSupprimerMerci, Philip, pour tes remarques élogieuses. Je partage totalement ton analyse.
SupprimerEt comme chacun sait, la plupart des interprètes de conférence exercent en profession...libérale, et dans ce sens là, c'est bien de liberté qu'il s'agit!
RépondreSupprimerTout à fait juste, chère Sylvie.
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