Du
capitalisme au communisme en passant par le socialisme, le centrisme, ou
l'anarchisme, de l'existentialisme au déterminisme en passant par le nihilisme,
le relativisme ou le positivisme …, les ismes
sont légion dans notre langue, notamment en politique. Nous en avons retenu
quelques-uns, qui nous paraissent intéressants.
Dégagisme
Ce terme
(non reconnu par le correcteur orthographique de mon logiciel de traitement de
texte) est de facture récente. Il apparaît en 2011 lors des Printemps arabes
avec le mot d'ordre "dégage"
adressé aux dirigeants politiques en place. Le dégagisme traduit ainsi la volonté d'une partie de la population de
voir partir ces dirigeants. Le terme a vu son champ sémantique s'étendre ces
dernières années. Ainsi, a-t-on parlé de dégagisme
pour qualifier les résultats des élections primaires ayant précédé l'élection
présidentielle française de 2017 avec pour conséquence l'éviction de plusieurs
personnalités de premier plan auxquelles on promettait un bel avenir. La
politique, comme la nature, ayant horreur du vide, les espaces ainsi dégagés ont rapidement été comblés.
Volontarisme
D'un point
de vue théorique, le volontarisme traduit
l'idée, notamment en politique, que la volonté humaine est capable d'imposer le
changement. Il n'est de jour que l'on n'entende un responsable politique
invoquer une politique volontariste. "La
réintroduction de l'ablette dans nos cours d'eau suppose un action volontariste de la part de tous les
acteurs de la filière halieutique". Ce concept, banal pour un locuteur
français, donne du fil à retordre aux non-francophones natifs qui éprouvent
souvent des difficultés à rendre cette idée –somme toute assez imprécise - dans
leurs langues respectives.
Communautarisme
Le communautarisme désigne une forme
d'organisation sociale où certaines communautés,
le plus souvent des minorités ethniques, culturelles ou religieuses, restent
entre elles, en vase clos, sans chercher à s'intégrer au reste de la société
dans les pays où elles vivent. Le communautarisme
signe souvent l'échec des politiques d'intégration ou d'assimilation là où
elles ont cours. En revanche, le communautarisme
peut être considéré comme un phénomène sociétal tout à fait normal dans les
pays qui ne poursuivent pas expressément des politiques d'intégration. Ce terme
est difficile à rendre dans d'autres langues ; les Allemands, par exemple,
désignent ce phénomène par le mot "Parallelgesellschaften" (= sociétés
parallèles), qui finalement décrit cette même réalité de façon beaucoup plus
concrète (comme c'est d'ailleurs souvent le cas en allemand).
Népotisme, clientélisme, favoritisme
Les
responsables politiques ou les candidats à des élections sont souvent tentés de
favoriser certaines catégories de la population pour s'attirer leurs faveurs
électorales. Cette pratique du favoritisme
qu'on aimerait bien voir disparaître du paysage politique peut prendre
plusieurs formes. Si l'on cherche à favoriser les membres de sa famille, on se
rend alors coupable de népotisme (du
latin nepos, petit-fils, puis neveu). A l'origine, le népotisme qualifiait le favoritisme de certains papes envers leurs
neveux et autres membres de leur famille dans l'administration des affaires. Quant
au clientélisme, cette pratique
revient à favoriser certaines catégories de citoyens en échange de leurs votes
ou de leur adhésion. Ainsi par exemple un candidat désireux de réunir sur son
nom les pêcheurs de truite leur promettra-t-il une politique volontariste en faveur de la pêche aux
salmonidés.
Les ismes sont si nombreux, qu'on assistera
peut-être un jour à l'émergence d'une nouvelle discipline, l'ismologie !
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