Tirer
son épingle du jeu
et tirer les marrons du feu : voilà
deux locutions françaises souvent utilisées ; mais connaissons-nous leur sens
avec précision ?
Commençons par tirer son épingle du jeu : cette expression signifie "se
dégager adroitement d'une situation délicate, se retirer à temps d'une affaire
sur le point de mal tourner, sauver sa mise". Souvent, cette expression
est toutefois mal employée : combien de fois entend-on dans les médias, par
exemple à propos d'une étape du Tour de France, que "tel coureur a tiré son épingle du jeu",
simplement pour dire qu'il s'est distingué. Cette locution trouverait son
origine au 15ème siècle dans un jeu pratiqué par les petites filles qui
devaient, au moyen d'une balle lancée contre un mur, faire sortir des épingles placées
au milieu d'un cercle tracé à proximité sur le sol. Mais tirer son épingle du jeu pourrait aussi avoir une signification
érotique : dans ce cas l'épingle
désigne une partie de l'anatomie masculine qu'il convient de retirer du jeu en temps voulu pour
éviter le risque d'une paternité non désirée…
L'épingle se retrouve dans de nombreuses expressions françaises : une
affaire peut être montée en épingle
dans les médias ; cela signifie qu'on lui donne une importance exagérée. Cette
expression provient sans doute de la
joaillerie puisqu'on pouvait monter (ou sertir) une pierre précieuse sur une tête
d'épingle qui se trouve ainsi transformée de simple instrument de couture en
bijou ornant une cravate, un chapeau ou un vêtement : l’épingle ordinaire fait
donc illusion… autant que celui qui monte
une histoire en épingle. En tout état de cause, si un jour on a un
comportement qui n'est pas irréprochable, attention de ne pas se faire épingler !
Le sens de l'expression tirer les marrons du feu a quant à lui
complètement changé au fil des siècles. A l'origine, la locution était tirer les marrons du feu avec la patte du
chat ; elle a été popularisée par La Fontaine dans la fable Le Singe et le Chat où le chat Raton
retire du feu au profit du singe Bertrand les marrons qui y grillent. Il s'agit
donc d'entreprendre une action risquée ou dangereuse pour le profit de
quelqu'un d'autre. Or, de nos jours, cette expression est généralement utilisée
dans un sens très différent, presque opposé : celui qui tire les marrons du feu tire avantage
d'une situation pour lui-même, parfois malhonnêtement. Autrement dit, au risque
de se brûler les doigts, on attrape les marrons
pour les manger soi-même. Les puristes continueront d'utiliser cette expression
dan sons sens originel.
En argot, un marron désigne un coup, tout comme une châtaigne d'ailleurs ; rappelons-nous la chanson de Renaud Laisse béton :
Y m'a filé une beigne
J'lui ai filé un marron
Y m'a filé une châtaigne
J'ui ai filé mon blouson
Enfin, le jour où l'on se fait épingler suite à une mauvaise action, il
vaut mieux éviter de se faire défendre par un avocat marron, c'est-à-dire véreux.
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