Il est souvent question de triangulation dans le débat politique.
Mais rappelons qu'à l'origine la triangulation
est un concept mathématique : c'est une technique permettant de déterminer la
position d'un point en mesurant les angles entre ce point et d'autres points de
référence dont la position est connue. Ainsi, la triangulation désigne, entre autres, la géolocalisation d'un téléphone
mobile à partir de la position de plusieurs relais.
Mais la triangulation qui nous intéresse aujourd'hui est un concept de
science politique qui traduit le fait, pour une personnalité politique, de se
situer d'un point de vue idéologique "au-dessus et entre" la droite et
la gauche. Ce concept a été théorisé par Dick Morris, un conseiller du
Président américain Bill Clinton dans les années 90. L'idée consiste à sortir
du clivage traditionnel droite/gauche et de ne retenir que les meilleures
propositions de chaque camp. Cela rejoint très largement notre concept de troisième voie qui suppose de renoncer à
certaines de ses convictions politiques traditionnelles à travers la recherche
d'une synthèse.
On notera avec intérêt que Dick
Morris a employé le terme de triangulation
pour tenter de rendre en anglais un concept tiré de la philosophie hégélienne,
celui de thèse/antithèse/synthèse.
Dans le débat politique actuel, le concept
de triangulation est utilisé dans un
sens légèrement différent : c'est souvent ainsi qu'on qualifie la tactique
politique, voire politicienne, qui consiste, pour une personnalité politique, à
faire siennes les idées de son adversaire, pour lui couper l'herbe sous le pied
et le priver d'une partie de ses arguments. Si, pour un observateur neutre, le
positionnement du Président Macron peut être considéré comme relevant de la triangulation au sens de Dick Morris
("ni droite, ni gauche"), pour ses opposants il se sera au contraire
contenté de trianguler ses
adversaires politiques pour mieux les vaincre.
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