S'il est
bien un domaine fertile en métaphores, c'est le sport. Dans le billet du 8
septembre 2017, nous évoquions déjà le marquage
à la culotte que les acteurs du monde politique empruntent allègrement aux
footballeurs. Lorsqu'il arrive à un homme (plus rarement une femme) politique
de marquer un but contre son camp,
autrement dit de commettre une action préjudiciable à son parti, il risque fort
de recevoir un carton rouge de la
part de ses amis, voire de se faire tacler
par ses adversaires. Le tacle
constitue un exemple intéressant où la métaphore ne retient qu'une partie du sens
propre du terme ; en effet, un tacle
au football est un geste parfaitement admis qui consiste à déposséder son adversaire
du ballon via une glissade. Le tacle
n'est sanctionné d'un carton jaune,
voire d'un carton rouge, que
lorsqu'il s'accompagne d'un mauvais geste contraire à l'esprit sportif (coup
dans les chevilles par exemple). Mais au sens figuré, un tacle a toujours une connotation négative et traduit une vive
critique. Mais attention : tant l'auteur que la victime d'un tacle risque de se retrouver hors-jeu ou de se faire renvoyer dans les cordes ; cette
dernière métaphore nous éloigne du ballon rond au profit de la boxe qui se
pratique sur un ring entouré précisément desdites cordes dans lesquelles on risque de se faire renvoyer.
Le cyclisme
en général et le Tour de France en particulier – appelé aussi la Grande Boucle – ont également enrichi
notre langue d'expressions plus imagées les unes que les autres, à commencer
par la petite reine pour désigner la
bicyclette. L'origine de cette expression serait liée à Wilhelmine
d'Orange-Nassau qui devint reine des Pays-Bas à l'âge de 10 ans et était une
grande amatrice de bicyclette. De passage à Paris en 1898, elle fut baptisée la
Petite Reine par le journal "La France
Illustrée" ; par la suite, cette appellation fut conservée pour désigner
le véhicule à deux roues qu'affectionnait tant la souveraine. Mentionnons aussi
un ouvrage de Pierre Giffard, écrivain et grand reporter français qui a
intitulé "La reine bicyclette" un ouvrage paru à la fin du XIXème
siècle retraçant l'histoire du vélocipède. Autre métaphore vélocipédique : changer de braquet. Le braquet désigne, sur un vélo, le rapport
de multiplication entre le plateau (roue dentée avant au niveau du pédalier) et
le pignon (roue dentée du moyeu arrière) : on choisit le braquet le plus approprié, selon que l'on privilégie la vitesse ou
la puissance. Quand un gouvernement annonce qu'il va changer de braquet dans son action politique, cela traduit une
volonté de changer de rythme, d'accélérer. Souvent, on pourra lire ou entendre
que tel ou tel candidat a fait une échappée
au cours de la campagne électorale, autrement dit qu'il a distancé ses
adversaires. Il est clair qu'il vaut mieux faire
la course en tête que se retrouver lanterne
rouge en queue de peloton. Cette lanterne rouge, expression couramment
employée dans le sport, est une métaphore empruntée au domaine ferroviaire puisque
le dernier wagon d'un train arbore un feu de cette couleur (aujourd'hui deux).
Mais tout
se joue souvent dans la dernière ligne
droite, au cours du fameux sprint
final. Lorsque l'arrivée des concurrents se fait dans un mouchoir de poche – autrement dit lorsqu'ils
sont très proches les uns des autres – il faut les départager ; c'est là que
l'on recourt à la photo-finish,
séries de photographies prises selon une technique particulière pour déterminer
avec précision le vainqueur de la course (à pied, cycliste, hippique etc.).
C'est de là – et plus particulièrement des courses de chevaux – que vient
l'expression y'a pas photo. En effet,
pour les parieurs, l'ordre d'arrivée des chevaux revêt une importance capitale
et, lorsque l'œil humain n'est pas capable de départager les premiers arrivés,
la photo ou photo-finish peut faire
la fortune ou l'infortune du parieur. En revanche, lorsqu'il n'y a aucun doute
sur l'ordre d'arrivée, y'a pas photo
! Cette expression a pris un sens métaphorique lorsqu'on a affaire à deux choses
de nature, et généralement de qualité très différente. Entre une confiture
achetée dans une épicerie fine de la place de la Madeleine et celle achetée
dans une grande surface hard-discount y'a
pas photo !
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