Si le sexe
des anges suscite d'éternelles interrogations, celui des mots, ou plus
précisément le genre des mots en
français s'apparente parfois à un sac de nœuds (sans jeu de mots graveleux). Le
billet précédent s'intéressait à l'écriture inclusive dont l'objet est, entre
autres, de tordre le cou à cette règle grammaticale de notre langue qui veut
que le masculin l'emporte sur le féminin.
Mais
connaissez-vous les mots épicènes ? Selon
Le Petit Robert, un terme épicène désigne aussi bien le mâle ou la
femelle d'une espèce (même si, pour certains linguistes, il s'agirait plutôt
d'un terme générique et non d'un
authentique épicène). Par exemple le rat
peut fort bien être une rate, le cheval peut être une jument
et une souris peut tout à fait arborer une paire de testicules (fort
petits, il est vrai). Mais un mot épicène désigne également un substantif
ou un adjectif dont la forme ne varie pas selon le genre : par exemple un ou une acrobate agile ; dans cette formule le substantif tout comme
l'adjectif son épicènes. On dira
indifféremment un ou une interprète habile (l'auteur de ces
lignes ne pouvait pas ne pas mentionner cet exemple).
Les mots épicènes sont fréquents dans la langue
française : il peut s'agir de prénoms, tels que Camille, Claude ou Dominique, ou encore de gentilés (terme
désignant les habitants d'un lieu, d'un pays, d'une région etc.), comme par
exemple Basque, Belge, Russe, Suisse, Arabe etc. On pense aussi à des noms de métiers : un ou une pilote, psychologue, ministre, thérapeute, cinéaste, antiquaire etc. Sont également épicènes les mots adulte, élève, collègue, partenaire, nomade, malade… Tous ces épicènes ont un point commun : ils se terminent par un e muet, avec une exception
notable : un ou une enfant.
Ne sont en
revanche pas considérés comme épicènes,
des mots qui admettent l'emploi des deux genres, mais désignent le même
référent mais sans sexuation, comme
par exemple après-midi[1] ou enzyme
(une après-midi ou une enzyme ne se distinguent en rien d'un après-midi ou d'un enzyme). A l'inverse, lorsque qu'un mot désigne deux choses tout
à fait différentes au masculin et au féminin, on n'a pas non plus affaire à un épicène : c'est le cas, par exemple, d'espace dont la forme féminine – une espace – désigne l'élément
typographique correspondant à l'espacement entre deux mots, ou encore du mot icône/icone : une icône, avec un accent circonflexe sur le o, désigne une peinture religieuse exécutée sur un panneau
de bois, alors qu'un icone (sans
accent) est un symbole graphique permettant, sur l'écran d'un téléphone ou d'un
ordinateur, d'accéder à un programme ou une application.
Attention,
donc, à ne pas confondre le genre et
le sexe : La Panthère Rose du film est bien une panthère mâle (amoureux ou
amoureuse) d'une jeune et jolie panthère femelle !
[1] Selon
certains linguistes, après-midi au
masculin désignerait un moment dans la journée alors que la forme féminine indiquerait
plutôt une durée (comme matinée ou soirée par opposition à matin et soir)
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