Je vous propose
aujourd'hui de m'accompagner sur une plate
ostréicole à la découverte – linguistique – de l'ostréiculture du Bassin
d'Arcachon. La plate est cette
embarcation à fond plat utilisée couramment par les ostréiculteurs, appelés
aussi parqueurs ; avec son tirant
d'eau très faible, la plate – ou bateau-bac - a remplacé la pinassotte ou petite pinasse, véritable emblème du Bassin
d'Arcachon. Avant de visiter les parcs à marée basse, n'oubliez pas de chausser
des mastouns ou patins à vase, faute
de quoi vous risquez bien vite de vous enfoncer profondément dans la vase. Et,
si vous êtes accompagné par une ostréicultrice, n'oubliez pas d'admirer sa benaise, la coiffe traditionnelle des parqueuses.
L'élevage de l'huître
est une succession d'opérations complexes et ardues réalisées avec passion par
les "paysans de la mer". Tout d'abord, il convient de capter les
larves d'huîtres ou naissain : à
cette fin, on immerge des collecteurs,
le plus souvent des tuiles chaulées.
C'est le naturaliste Victor Coste qui a été le premier, en 1859, à utiliser des
tuiles pour capter les larves d'huîtres ; la technique semblait concluante, à
ceci près que, si le naissain, se
fixait bien sur les tuiles et s'y développait, il était difficile de détacher
ensuite les larves sans abîmer les coquilles. Heureusement, en 1865, un maçon
arcachonnais, Jean Michelet, pense à chauler
les tuiles, c'est-à-dire à les enduire d'un mélange de chaux et de sable. Les
larves d'huîtres s'y fixent tout aussi bien, mais sont ensuite beaucoup plus
facile à détacher.
Cette opération au
cours de laquelle on détache les jeunes huîtres des collecteurs s'appelle le détroquage,
à ne pas confondre avec le désatroquage,
qui consiste à séparer les huîtres collées les unes aux autres. Une fois détroquées, les jeunes huîtres sont
placées dans des poches grillagées appelées ambulances
qui sont immergées dans les parcs où les huîtres se développeront durant trente
à quarante-huit mois. A l'origine, les ambulances
étaient des casiers en bois avec un fond en grillage, aujourd'hui ce sont des
poches en plastique. Les ambulances
sont placées dans les parcs sur des chantiers
métalliques, sortes de grandes tables en métal immergées ; la culture dite
"au sol" existe également. Au bout de 18 mois, on sort les ambulances pour désatroquer les huîtres avant de les immerger à nouveau pour
qu'elles poursuivent leur développement.
Avant d'être commercialisées,
les huîtres doivent encore être affinées,
c.-à-d. nettoyées, en séjournant quelque temps dans des sortes de piscines
remplies d'eau de mer, les dégorgeoirs
appelés aussi les claires. Ainsi
s'explique l'expression fines de claire
qu'on rencontre souvent sur les cartes de restaurants.
La prochaine fois que vous
verrez des huîtres dans une bourriche
(mot à l'étymologie incertaine) vous penserez à ce long processus qui s'est
écoulé entre le captage du naissain et le couteau de l'écailler.
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