L'"Atlas du Français de nos Régions" de Mathieu Avanzi, paru aux éditions Armand
Colin, nous donne l'occasion d'un petit périple pittoresque qui nous fera
découvrir les variantes régionales de notre belle langue française.
A l'heure où le
château de Villers-Cotterêts, où fut signée, en 1539, la fameuse ordonnance
instaurant la langue française comme langue officielle des services juridiques
et administratifs, est appelé à devenir une "Cité de la francophonie"
comme l'a annoncé le Président de la République le 20 mars 2018 lors de la
Journée de la Francophonie, il est bon de se souvenir que, contrairement à la
République, la langue française n'est pas "une et indivisible" mais
se décline en de multiples variantes qui fluctuent au gré des époques et des
régions.
La chocolatine mentionnée dans le titre du
présent billet n'est autre que l'appellation du pain au chocolat dans le Sud-Ouest de la France. Cette même
viennoiserie sera une couque au chocolat
en Belgique, éventuellement un croissant
au chocolat dans l'Est de la France jusqu'à la Franche-Comté, voire un petit pain au chocolat dans le Nord,
l'Est et aussi en Belgique. Dans une grande partie du pays le boulanger
emballera le pain au chocolat dans un
sac ou un sachet ; mais dans le Sud-Ouest, on vous mettra la chocolatine dans une poche, alors qu'en Bretagne et dans
l'Indre ce sera dans un pochon. En
Suisse romande, en Franche-Comté et en Lorraine, ne soyez pas étonné si l'on
vous propose un cornet.
Il faut se reporter à
une carte de géographie pour retrouver les diverses façons de désigner un crayon. L'appellation dominante est crayon à papier en Île de France, en
Normandie et dans la majorité de la moitié sud de la France. Mais ce sera un crayon de papier dans le Centre-Est, un crayon de bois dans les Hauts-de-France
et les Pays-de-la-Loire, un crayon gris
en Suisse, dans le Sud-Est, en Languedoc et dans le Finistère, un crayon tout court en Belgique et dans le
Nord-Est. Très localisées, on trouve les appellations crayon papier dans les Côtes d'Armor et crayon mine autour de
Reims.
Savez-vous ce qu'on
appelle doucette en Auvergne et en
Franche-Comté, rampon en Suisse, boursette dans les Pays-de-la-Loire et salade de blé en Belgique ? Eh bien
c'est la salade qu'on appelle mâche
dans le reste du territoire. N'hésitons pas agrémenter notre salade de mâche de quelques groseilles : ces-dernières deviennent des castilles dans une partie de la Bretagne, des gradilles dans le Cotentin, des raisinets
en Suisse et des tamarins ou tramarins dans une petite partie de la
Franche-Comté. Quant aux myrtilles,
celles-ci se transforment en brimbelles
dans une bonne partie de la Région Grand-Est et en airelles dans une petite zone d'Auvergne-Rhône-Alpes.
Indépendamment des
accents régionaux, la prononciation de certaines syllabes varie également selon
l'endroit où l'on se trouve. Ainsi prononce-t-on brin et brun de la même
façon au nord de la Loire et en Corse, alors que la prononciation est
différente au sud de la Loire et en Belgique. La répartition est pratiquement
la même dans le cas d'empreinte et emprunte. Autre prononciation particulière
qui fait sourire beaucoup de Français : celle du mot moins qui se prononce "moinsse"
au sud de la Garonne.
J'espère que ces quelques
exemples vous auront mis en appétit et que vous aurez plaisir à découvrir tous
les autres dans cet Atlas du Français de nos Régions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire