Le billet
d'aujourd'hui est consacré à quelques erreurs courantes en français, qu'on
entend pourtant parfois dans la bouche de personnes qui parlent très bien notre
langue. D'ailleurs, ces erreurs sont plus souvent le fait de francophones
natifs que d'allophones pour qui le français est une langue étrangère.
Ceci
dit ou cela
dit ?
On ne devrait pas dire
ceci dit ; en effet, ceci désigne ce qui est le plus proche
et, par conséquent, ce qui suit alors que cela
se rapporte à ce qui est plus éloigné et donc à ce qui précède puisque, par
définition, un événement passé est plus éloigné qu'un événement futur. On doit
donc dire cela dit ou bien cela étant ou encore cela étant dit, voire, au risque de
paraître pédant, cela posé.
Quel mode après après que ?
Après
que se construit avec l'indicatif et non pas avec
le subjonctif comme on l'entend pourtant trop souvent. En effet, alors que avant que implique une éventualité et
justifie donc l'emploi du subjonctif, après
que se rapporte à un fait accompli et requiert donc un verbe à l'indicatif
: "après que nous nous sommes
rencontrés, nous avons décidé de faire un bout de chemin ensemble" ; mais
"avant que nous nous soyons
connus, la vie avait été bien insipide".
Malgré
que : à bannir !
Malgré
que fait résolument
mal aux oreilles. Il est tellement facile d'utiliser quoique, bien que ou
encore alors que si l'on a besoin
d'une construction verbale. Et gardons malgré
pour marquer une concession avec un substantif : "malgré les progrès de l'intelligence artificielle, celle-ci
n'arrive pas à la cheville de la stupidité naturelle". Il y a toutefois
une exception : c'est l'expression désuète malgré
que j'en aie, qui signifie malgré moi,
malgré mes hésitations. L'entrée malgré du CNRTL est très intéressante à
cet égard.
Revenir
sur
Imaginons le
commentaire suivant dans un journal télévisé : "Le Gouvernement va-t-il revenir sur sa décision de baisser les
impôts de 50 % ? Nous allons revenir sur
ce dossier après le reportage de notre journaliste." Dans la première occurrence,
l'emploi de revenir sur est correct :
l'expression traduit un changement de position, l'annulation d'une décision.
Dans la seconde occurrence en revanche, la formule est fautive : il aurait
fallu dire "nous allons revenir à
ce dossier …". L'utilisation erronée de revenir sur est extrêmement fréquent, et même certainement
majoritaire dans les médias.
Sur
La préposition sur est utilisée à tort et à travers,
sans doute parce que ceux qui l'emploient se refusent à faire l'effort de
chercher la préposition correcte. "La semaine prochaine, je serai sur Paris", entend-on à tout bout
de champ. Est-il vraiment si difficile de dire "je serai à Paris" ou bien "je serai en région parisienne" ? Quant à
l'horrible "je suis sur un
dossier", il évoque immanquablement chez moi l'image d'une personne assise
sur un épais dossier, peut-être pour
se rehausser ou, justement, pour s'asseoir
dessus au sens de "ne pas tenir compte de quelque chose, être
complètement indifférent".
Depuis : préposition marquant le temps
"Je vous écris
d'Arcachon" et non pas "je vous écris depuis Arcachon" ! La préposition depuis marque avant tout le temps et non le lieu. Mais combien de
fois entend-on "notre correspondant nous a transmis ce reportage depuis Condom-sur-Baïse", alors que
la préposition de fait parfaitement
l'affaire. Depuis peut cependant
marquer le lieu dans la construction depuis…jusqu'à : "Les Pyrénées s'étendent depuis l'Atlantique jusqu'à la Méditerranée" : mais on a ici l'idée d'une
continuité qui n'est pas dénuée d'une dimension temporelle.
Près ou prêt
Là encore, la
confusion est fréquente. Près de,
suivi d'un verbe à l'infinitif, traduit l'idée de proximité : "il n'est
pas près d'y arriver" ; en
revanche "être prêt à" signifie
"être disposé à" : "je suis prêt
à t'écouter". Quant à quelqu'un qui est prêt à tout…
Littéralement
L'emploi de l'adverbe littéralement est très curieux : en
effet son sens premier est "à la lettre, dans le plein sens d'un
mot". Or, dans l'usage courant, littéralement
est le plus souvent employé dans le sens de figurativement, qui est pourtant l'exact opposé. Lorsqu'on dit
"les prix des cigarettes ont littéralement
explosé", l'adverbe donne une valeur superlative au verbe, mais personne
n'a jamais vu un prix "exploser". Et lorsque quelqu'un affirme
"je suis littéralement mort de
fatigue", il nous parle – si l'on prend ses propos au pied de la lettre,
donc dans leur sens littéral – de l'au-delà
! Quant à un joueur de tennis qui s'est fait littéralement massacrer par son adversaire, il ne nous reste plus
qu'à lui souhaiter un prompt rétablissement !
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