On
attribue à Albert Einstein la citation suivante à propos de sa vision de
l'infini : "Deux choses sont
infinies : l'Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l'Univers,
je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue". Citation authentique
ou apocryphe – peu importe. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que la langue
familière regorge d'expressions pour qualifier une personne dont les capacités
intellectuelles laissent à désirer ou, comme j'ai pu le lire dans un roman, qui
"est arrivée en retard le jour de la
distribution de l'intelligence".
Parmi les expressions
plutôt rares, citons le pittoresque "il/elle
n'a pas sucé la Tour Eiffel pour la rendre pointue". On retrouve souvent
cette idée de "pointu", "futé"/"affûté",
"aiguisé", "tranchant" pour qualifier l'intelligence. Quelqu'un
d'obtus ne brille pas par une
intelligence aiguë. Il n'est pas très
flatteur de se voir accuser de ne pas être
le couteau le plus affûté du tiroir (expression qui existe d'ailleurs à
l'identique en anglais) ; il est incontestablement préférable d'être une fine lame. Et pour résoudre un problème,
on cherchera toujours à réunir les experts les plus pointus capables de percer
avec acuité les mystères qu'on leur
soumet. Un esprit émoussé ne fera
jamais l'affaire.
Le secret de la bonne
cuisine réside souvent dans la qualité de la cuisson : trop cuit ou pas assez,
le plat n'est pas bon. Si j'accuse mon prochain d'être mal cuit, c'est que j'aurais des doutes sérieux sur ses capacités
intellectuelles. On entendra aussi parfois untel
n'est pas fini de cuire, ou bien il
lui manque un quart d'heure de cuisson, autrement dit il lui a manqué un fagot (pour alimenter le feu servant à la
cuisson). La situation n'est guère plus reluisante pour quelqu'un qui a été démoulé trop chaud.
Que notre langue est
riche pour qualifier ceux qui n'ont pas
inventé l'eau chaude, à moins que ce ne soit l'eau tiède, la poudre, le fil à couper le beurre : parfois ils
n'ont que deux neurones qui se battent en
duel ou, pire encore, les fils qui se
touchent (avec un sérieux risque de court-circuit). Tous ces malheureux
ont-ils été bercés trop près du mur,
voire ont-ils été finis au pipi (ou à
la pisse dans un registre plus vulgaire) ? En tout cas une chose est sûre : ils n'ont pas volé le Saint-Esprit ! On
est bien mal parti dans l'existence quand on est bas de plafond. Si, en plus, on n'a que deux de tension, il bien peu probable qu'on réussisse de grandes
choses dans la vie.
Tout cela va-t-il
changer avec l'avènement de l'intelligence artificielle ? Cette dernière
aura-t-elle un jour raison de la bêtise naturelle ? Qu'il me soit permis d'en
douter !
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