S'il ne
sera certainement pas élu "personnalité de l'année", le coronavirus sera sans aucun doute le mot
de l'année 2020 ! Inutile de vous laver les mains avant de lire ce billet, ni
de vous mettre en quarantaine après l'avoir
lu. Une quarantaine désigne bien une
durée de quarante jours, notamment quand on parle des 40 jours du carême. C'est
également, au XVIIe siècle la durée d'isolement recommandée pour
éviter la propagation d'une épidémie. Mais de nos jours, dans le domaine médical,
une quarantaine ne dure pas
nécessairement 40 jours ; on isole simplement le patient pendant la durée
requise, jusqu'à ce qu'il ne soit plus contagieux. Dans le cas de la maladie à coronavirus 2019 abrégée en COVID-19 (acronyme anglais signifiant coronavirus disease 2019), la quarantaine ne dure que 14 jours.
Perturbés par l'idée qu'une quarantaine
puisse durer quatorze jours et n'étant
jamais à court d'imagination, les journalistes qualifient désormais cette durée
d'isolement de quatorzaine. Une quatorzaine correspond bien à une durée
de 14 jours, mais cette acception d'isolement
de quatorze jours est un néologisme né dans le sillage du coronavirus apparu fin 2019.
Les coronavirus forment une vaste famille de
virus, du latin "virus" qui
signifie "suc, jus, humeur", mais aussi "semence des animaux, venin,
poison" ou "mauvaise odeur, puanteur, infection". Ce n'est pas
une bestiole bien sympathique. Les coronavirus
ou "virus à couronne", quant à eux, s'appellent ainsi parce qu'au
microscope électronique ils sont caractérisés par une frange de grandes
protubérances entourant leur enveloppe avec l'apparence d'une couronne, par analogie avec la couronne solaire. S'il y avait bien une
raison pour combattre la monarchie, elle est toute trouvée !
Il ne faut
pas confondre les virus, insensibles
aux antibiotiques, avec les bactéries
ou bacilles qu'on peut trucider à
coup d'antibiotiques sauf en cas de résistance. Bactéries et bacilles ont
la même étymologie : "baktêria" en grec ou "baculum" en
latin qui signifient "bâton" dans les deux cas, par analogie avec la
forme de ces microbes (du grec
"mikros", petit, et "bios", vie). Quoi qu'il en soit, ces
"petites vies" ou micro-organismes nous empoisonnent l'existence et
nous rendent malades. Ce dernier
terme nous vient également du latin "male habitus" qui signifie
"en mauvais état".
Alors qu'on
nous égrène quotidiennement les statistiques de l'épidémie (du grec "epidêmos", "qui séjourne (epi)
dans un pays ou peuple (dêmos)", on rappellera quelques concepts souvent
employés dans ce domaine. Tout d'abord la morbidité,
du latin "morbus" (maladie), qui traduit le nombre de malades dans un
groupe donné et pendant un temps déterminé. Un concept voisin est celui de prévalence qui correspond au nombre de
cas de maladie enregistré, à un moment donné, dans une population déterminée :
la prévalence englobe aussi bien les
cas nouveaux que les cas anciens et ne doit pas être confondue avec l'incidence, qui représente le nombre de nouveaux cas apparus pendant une
période de temps.
Espérons
que l'avenir ne donnera pas raison à Jean de La Fontaine qui, dans "Les Animaux
malades de la peste", écrit :
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés
Espérons que l'épidémie en reste une et ne se transforme pas en pandémie, en s'étendant au "peuple tout entier" (en grec "pandêmia").
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés
Espérons que l'épidémie en reste une et ne se transforme pas en pandémie, en s'étendant au "peuple tout entier" (en grec "pandêmia").
Si vous êtes,
chères lectrices, chers lecteurs, arrivés au bout de ce billet, nul besoin de
vous immerger dans un bain de solution hydro-alcoolique : les mots ne sont pas
contagieux mais, par chance, le plaisir de lire et d'approfondir sa
connaissance de la belle langue française peut l'être.
J'ai apprécié l'élégance de ce texte fort instructif. Merci.
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