Vous vous
rappelez : il n'y a pas si longtemps, un Secrétaire d'état qui avait
"omis" de déclarer ses revenus avait avancé comme justification le
fait qu'il souffrait de phobie
administrative. Si cette excuse lui avait permis d'échapper aux foudres de la
justice, nul doute que des millions de Français auraient immédiatement été
frappés de la même pathologie.
Une phobie – du grec "phobos" crainte,
frayeur ou répulsion – est généralement une peur, souvent violente et
irraisonnée, d'un objet ou d'une situation que les scientifiques qualifient de phobogène. Une phobie peut être une telle peur, mais aussi un sentiment de rejet –
la fameuse phobie administrative -,
une propriété physique ou chimique, mais aussi une attitude discriminatoire.
La liste
des phobies est très longue et nous n'en évoquerons que
quelques-unes. Nous connaissons tous la claustrophobie,
ou peur des espaces confinés, l'agoraphobie,
la peur des espaces publics et, par extension, de la foule, et peut-être aussi
l'arachnophobie, c.-à-d. la peur des
araignées. Nombreuses sont les personnes ophiophobes,
qui ont peur des serpents, et plus généralement herpétophobes qui n'apprécient guère les reptiles ou les amphibiens.
La peur des abeilles et, plus généralement des insectes qui piquent, est
logiquement l'apiphobie, celle des
requins la squalophobie, la peur des
souris et des rats la musophobie ;
mais on peut aussi rencontrer des arctophobes
qui n'approcheraient pour rien au monde un ours, fût-il en peluche, et même des
cuniculophobes qui ne peuvent pas
voir les lapins en peinture.
La peur de
parler en public, incompatible avec la profession exercée par mes collègues
interprètes, s'appelle la glossophobie
; elle s'accompagne souvent d'éreutophobie
ou érythrophobie, la peur de rougir en
public. Les écrivains qui éprouvent la peur de la page blanche sont atteints de
leucosélophobie ; quant aux personnes
souffrant de maskaphobie ou peur des
masques, elles risquent de devoir rester confinées chez elles tant que sévira
la pandémie de covid-19. On ne confondra pas l'acrophobie ou peur des hauteurs avec l'aviophobie ou peur de prendre l'avion. Apparue plus récemment, la nomophobie (de l'anglais "no mobile
phobia") désigne la peur d'être séparé de son téléphone portable !
Quant aux phobies discriminatoires, elles nous
sont hélas familières : xénophobie, homophobie, grossophobie (discrimination des personnes en
surpoids), gérontophobie (rejet des
personnes âgées). On mentionnera en particulier la glottophobie, une attitude discriminatoire à l'égard de la langue
parlée par une personne et notamment de son accent. Le Premier ministre récemment
nommé a été visé par des critiques glottophobes
en raison d'un léger accent méridional lié à ses origines gersoises et à son
activité d'élu dans les Pyrénées-Orientales.
Et savez-vous ce qu'est la paraskevidékatriaphobie ? C'est la peur du vendredi 13, du grec "paraskevi" vendredi et "decatreis" treize. La triskaïdékaphobie, quant à elle, désigne la peur du nombre 13 et la superstition qui en découle. Et pour conclure ce billet, dont j'espère qu'il ne vous aura pas effrayé, nous mentionnerons la pantophobie ou peur de tout et surtout la phobophobie ou… peur d'avoir peur !