Replongeons-nous
dans notre Dictionnaire de l'Académie
française de 1835 et dans le Nouveau
dictionnaire illustré Larousse de 1890 pour voir comment on évoquait les choses
du sexe au XIXe siècle. Le Larousse
étant à destination des écoliers, il se montre plus que discret sur la
question. C'est donc principalement dans le Dictionnaire
de l'Académie que nous allons poursuivre notre exploration.
Le terme de
pénis est absent des deux ouvrages,
mais on y trouve celui de verge. Le Larousse donne simplement le sens de baguette ainsi que celui de mesure de longueur. Les définitions sont
beaucoup plus nombreuses et détaillées dans le Dictionnaire de l'Académie : tout à la fin, il nous apprend que ce
terme désigne le membre génital. Quant
à verges au pluriel, ce terme désigne
"plusieurs menus brins de bouleau, de genêt, d'osier, etc., avec lesquels
on fouette, on fustige" ; on
emploie encore de nos jours l'expression donner
des verges pour se faire battre. Mais j'ai découvert, toujours dans le
dictionnaire de 1835, une autre expression, fort amusante, qui est tombée en
désuétude : faire baiser les verges à
quelqu'un, qui signifie : "Le contraindre à demander pardon après
qu'on l'a châtié, ou l'obliger à reconnaître la justice du châtiment". Absent
du Larousse, le terme vagin désigne,
dans le Dictionnaire de l'Académie, le "canal qui conduit à la
matrice".
Point d'orgasme dans le Larousse, mais pour les Académiciens,
il s'agit d'un "terme de médecine [qui désigne] l'état de gonflement et
d'excitation des organes, et particulièrement ceux de la génération." Mais
avant d'en arriver là, quid de l'érection
: l'entrée figure bien dans le Larousse dans son sens architectural :
"action d'élever (une statue), de construire". Si cette acception
figure, naturellement, dans le Dictionnaire de l'Académie, on y trouve
cependant aussi la définition suivante : "…se dit aussi en médecine de
l'action par laquelle certaines parties molles du corps se gonflent, se
durcissent et se redressent". Mais on ne nous dit pas de quelles parties
il s'agit !
Pour les Immortels,
la sodomie est simplement "un
péché contre nature". En revanche, ils se sont donnés beaucoup de mal pour
définir le terme de masturbation :
"Genre de pollution qui trompe le vœu de la nature, et qui a ordinairement
les suites les plus funestes". La lecture de cette définition m'a laissé
sur le… cul. Eh bien oui, le cul est bien présent dans nos deux
ouvrages. Pour le Larousse, c'est "la partie de l'homme et de certains
animaux qui comprend les fesses et le fondement" et pour l'Académie
"le derrière, cette partie de l'homme qui comprend les fesses et le
fondement".
Nous
conclurons ce billet par une copulation.
Si les mots copule et copulatif se trouvent bien dans les deux
dictionnaires en tant que termes de logique et de grammaire, seuls les Académiciens
se sont aventurés à définir le mot copulation.
Et voici ce que cela donne : "Accouplement du mâle avec la femelle. Il se
dit plus particulièrement de la conjonction de l'homme et de la femme, et se
joint presque toujours avec l'adjectif charnel.
La copulation charnelle est défendue hors
le mariage."
Que ce soit au début du XIXe siècle ou au début du XXIe, nul doute que les travaux de la Commission du Dictionnaire de l'Académie française suscitent de temps à autres des échanges très pittoresques.
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