En cette période où il
fait souvent un vent "à décorner
tous les cocus de la Terre" (et ça fait du monde), intéressons-nous aux
aspects linguistiques de ce phénomène météorologique incarné par le Dieu grec
Éole (à qui nous devons l'adjectif éolien).
Le terme de vent, nous vient directement
du latin "ventus" qui a le même sens.
La tramontane et le mistral sont bien connus des habitants des contrées méridionales de
la France. La tramontane désignait
autrefois l'étoile polaire : en italien celle-ci était appelée
"transmontana" (sous-entendu "stella") ou "étoile au-delà
des monts". L'expression, aujourd'hui tombée en désuétude, perdre la tramontane signifiait "être
désorienté, perdre le nord". La tramontane,
ellipse de vent de la transmontane (de
l'étoile polaire), désigne de nos jours un vent du nord sur la côte méditerranéenne
ou du nord-ouest en bas Languedoc. Le cousin de la tramontane n'est autre que le mistral
: ce vent qui souffle en vallée du Rhône et en Provence tire justement son
étymologie du mot provençal maestral,
adjectif qui correspond au français magistral.
Or, dans leur acception géographique, mistral et maestral ont le sens de nord-ouest
: c'est précisément la direction de laquelle souffle ce vent maître.
Ne confondons pas la bise et la brise. La bise, est un
vent froid, fort désagréable, qui souffle du nord ou du nord-est. Ses racines
sont probablement germaniques : bîsjō
désigne en effet un vent du nord-est. Par métonymie, la langue poétique utilise
parfois la bise dans le sens d'hiver
: cf. la fable de La Fontaine "La cigale et la fourmi" :
La
cigale, ayant chanté
Tout
l'été,
Se
trouva fort dépourvue
Quand
la bise fut venue.
L'histoire de la brise est plus compliquée. En effet, si
son étymologie est incertaine, elle renvoie toujours à un vent violent,
comparable à la bise. L'une des
hypothèses attribue le mot brise à un
croisement entre bise et briser. Mais on ne s'explique pas
pourquoi la brise désigne aujourd'hui
un vent léger et agréable.
Pour le noroît et le suroît les choses sont plus simples : on a affaire à une altération
dialectale de nord-ouest et de sud-ouest respectivement. Quand souffle le suroît, souvent accompagné de pluie, il
peut être prudent de se vêtir d'un suroît,
puisque ce terme désignait autrefois une vareuse de marin et désigne toujours
un chapeau imperméable de marin dont le bord arrière descend sur la nuque (cf. Pierre
Loti, 1884). On entend aussi parfois pour qualifier un vent de nord-ouest le
terme de galerne, ou vent de galerne. Le terme viendrait soit
du bas-breton gwalarn (étonnant
puisqu'il fait toujours beau en Bretagne), apparenté à l'ancien anglais Walas "pays de Galles", soit
du radical prélatin gal qui a donné
le verbe gaulois galare signifiant
"geler". L'anglais gale –
coup de vent, tempête – est certainement apparenté.
Chaque région a ses vents. En Occitanie, le vent d'autan – "le vent qui rend
fou" pour les Toulousains – est un vent orageux qui souffle du sud ou du
sud-ouest, donc de la mer : et c'est là qu'on retrouve l'étymologie du mot,
puisqu'autan vient du latin altanus (ventus), "vent qui souffle
de la haute mer". En Suisse et en Autriche, tout le monde connaît le foehn, du latin favonius qui désigne un autre vent, le zéphyr. Alors que favonius
est construit sur la même racine que faveur
ou favorable, et que le zéphyr (du latin zephyrus, vent d'ouest doux et tiède) est un vent léger et
agréable, le foehn n'est, lui, guère
apprécié des populations qui le subissent. Le terme foehn (il s'agit d'un vent chaud et sec) désigne également un
sèche-cheveux en Suisse ainsi qu'en Allemagne (avec la graphie Föhn).
L'Afrique, en
particulier l'Afrique du Nord, est traversée par toute une famille de vents
apparentés : le sirocco, l'harmattan, le simoun ou le khamsin. Si
nous les évoquons aujourd'hui, nous n'allons pas pour autant nous plonger dans
leur étymologie qui déborderait le cadre ce blog.
Et si le vent souffle
en bourrasques, ces dernières peuvent
venir de toutes les directions alors que leur étymologie renvoie au latin boreas, "vent du nord", racine
que l'on retrouve dans l'adjectif boréal.
Chère lectrice, cher
lecteur, merci de votre fidélité. Je vous donne rendez-vous pour une prochaine
chronique et, d'ici là, je vous dis "bon
vent !"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire