La madeleine de Proust est peut-être l'une
des expressions françaises les plus fréquentes. On l'utilise pour désigner la
remontée de souvenirs souvent chargés d'émotion provoquée par un événement de
la vie quotidienne. C'est au narrateur d'"A la recherche du temps
perdu" dans "Du côté de chez Swann", premier tome du roman de
Marcel Proust, qu'on doit cette madeleine.
Mais pourquoi la madeleine
s'appelle-t-elle ainsi ? L'étymologie la plus pittoresque met en scène l'ex-roi
de Pologne Stanislas Leszczynski et une jeune cuisinière de Commercy, Madeleine Paulmier, servante de la marquise Perrotin de
Baumont : alors que le souverain donnait une réception en son château, une
querelle entre l'intendant et le cuisinier amena ce dernier à quitter les lieux
en emportant avec lui le dessert qu'il avait préparé. Fort marri de se
retrouver ainsi privé de dessert, l'ex-roi s'enquit d'un plan B : la jeune
servante Madeleine lui proposa une
recette qu'elle tenait de sa grand-mère, un petit gâteau moulé dans une
coquille Saint-Jacques. Les convives s'en délectèrent, tant et si bien que Stanislas
Leszczynski lui donna le nom de la jeune cuisinière. Se non è vero…
Les noms des gâteaux
et pâtisseries sont souvent des casse-tête pour les étymologistes. Ainsi quid
du baba au rhum ? Encore une fois,
nous allons retrouver Stanislas Leszczynski : ce dernier, exilé en Lorraine, trouvait
le temps long et remédiait à son ennui en lisant les Contes des Mille et Une
Nuits qu'il adorait. Souvent, on lui servait au dessert un kouglof, spécialité
de l'Alsace voisine. S'il appréciait ce gâteau, il le trouvait néanmoins un peu
sec et eut l'idée, pour lui donner du moelleux, de l'arroser d'une rasade de
rhum. Et quoi de plus naturel alors que de donner à cette création le nom de
l'un de ses héros préférés, (Ali) Baba. Ainsi naquit, dit-on, le baba au rhum.
L'éclair, quant à lui, tirerait son nom du fait que cette pâtisserie
est tellement bonne qu'elle se dévore "en un éclair". A moins qu'une dégustation ultra-rapide ne soit
rendue nécessaire par la crème pâtissière qu'il contient et qui risquerait de couler
si on ne l'engloutit pas prestement. Enfin, troisième origine possible, l'éclair pourrait être appelé ainsi en raison
de son glaçage si brillant qu'il reflète les rayons de lumière et produit ainsi
des éclairs.
L'étymologie de la religieuse est des plus incertaines.
Pour les uns, la couleur du glaçage de cette pâtisserie évoquerait la robe des religieuses. Pour les autres, le gros
chou surmonté d'un chou plus petit pourrait faire penser à une bonne sœur en
habit de nonne. Et d'où nous vient alors le pet-de-nonne
? Là encore, plusieurs possibilités : il aurait pu s'agir, à l'origine, de paix-de-nonne ; ce beignet aurait été
ainsi nommé car sa recette, inventée par une religieuse, aurait été donnée à un
couvent voisin et ennemi pour faire la paix
avec celui-ci. Autre étymologie plus prosaïque : une novice de l'Abbaye de Marmoutier
se serait malencontreusement laissée aller à émettre un "vent" au
moment de la préparation du repas. Très gênée en présence de ses coreligionnaires,
elle aurait, en chancelant, laissé tomber une cuillerée de pâte à chou dans une
marmite de graisse chaude : ainsi serait né le pet-de-nonne.
Concluons cette
chronique culinaire par le paris-brest,
pâtisserie de forme circulaire composée d'une pâte à chou fourrée de crème
pralinée et parsemée d'amandes effilées. La création de ce gâteau est attribuée
à un pâtissier de Maisons-Laffitte, Louis Durand, qui imagina en 1910 cette pâtisserie
en forme de roue de bicyclette pour célébrer la course cycliste Paris-Brest-Paris.
Avec ce dernier billet de
l'année 2018 qui, je l'espère, vous aura ouvert l'appétit pour les agapes de la
Saint-Sylvestre, je vous présente, chers amis de ce blog, mes vœux les plus
chaleureux pour une nouvelle année enrichissante dans tous les sens du terme.
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