Canicule : du latin canicula, diminutif de canis
– chien – et signifiant précisément petite
chienne. Quel rapport entre cette étymologie et la période très, très
chaude qui sévit en Europe au moment où nous écrivons ces lignes ? Canicula était également le nom d'une
étoile particulièrement brillante – appelée aujourd'hui Sirius – de la
constellation du Grand Chien. Or sous
nos latitudes, durant la période du 24 juillet au 24 août, cette étoile se lève
et se couche en même temps que le soleil, ce qui avait amené les anciens à
penser qu'elle redoublait les ardeurs du soleil ! Ainsi, selon Wikipédia, Pline
l'Ancien écrivait : "Quant à la Canicule,
qui ignore que, se levant, elle allume l'ardeur du soleil ? Les effets de cet
astre sont les plus puissants sur la Terre : les mers bouillonnent à son lever,
les vins fermentent dans les celliers, les eaux stagnantes s'agitent". On
retrouve cette étymologie canine à la fois en anglais – dog days – et en allemand – Hundstage.
A l'inverse, s'il fait
un temps à ne pas mettre un chien dehors,
c'est plutôt qu'il fait froid et qu'il pleut, bref qu'il fait un temps de chien ! Dans ce dernier cas
"de chien" traduit l'idée
d'un excès qu'on retrouve dans les expressions une humeur de chien ou un mal
de chien. Cette image très négative attribuée à nos compagnons à quatre
pattes est sans doute liée à la très mauvaise réputation qui a accompagné le chien au fil des siècles, encore
présente aujourd'hui par exemple dans la religion musulmane.
Personne n'aime se faire
traiter comme un chien, et encore moins se
faire jeter aux chiens. Après le suicide de Pierre Bérégovoy le 1er
mai 1993, le Président Mitterrand déclarait : "Toutes les explications du
monde ne justifieront pas qu’on ait pu
livrer aux chiens l’honneur d’un homme…". Ce sens péjoratif se
retrouve également dans l'expression chienne
de vie.
Toujours au chapitre
du chien considéré comme une sale bête,
on trouve l'expression garder un chien de sa chienne à quelqu'un,
qui traduit une idée de rancune et une volonté de vengeance. La tradition
voulait que le propriétaire d'une chienne
réserve un chiot de la portée au propriétaire du géniteur, ce qui est somme
toute plutôt sympathique. Mais les facéties de la langue française ont fini par
conférer une signification très négative à cette expression.
Mais le plus fidèle
ami de l'homme est également à l'origine d'expressions fort pittoresques, comme
par exemple on n'attache pas son chien
avec des saucisses, qui signifie être très avare : en effet, celui qui
aurait l'idée saugrenue d'attacher son
chien avec des saucisses constatera rapidement la totale inefficacité de
cette mesure, car le chien
s'empressera de dévorer sa "chaîne" ; si l'on s'obstine alors à
renouveler l'attache, on finira par dépenser beaucoup d'argent en chapelets de
saucisses, ce qu'un avare ne fera en aucun cas !
Un
chien regarde bien un évêque
: autre expression curieuse à l'origine amusante. Autrefois, la bienséance
voulait que les gens modestes baissassent les yeux au passage des puissants,
comme par exemple les prélats et autres évêques
; mais une telle exigence ne pouvait s'appliquer aux chiens, plus humbles encore que leurs maîtres, mais bien incapables
de saisir la subtilité des rapports sociaux. Dès lors, si un chien, malgré sa très basse condition
peut s'autoriser à regarder un évêque,
n'importe qui devrait pouvoir le faire.
Si deux personnes se
regardent chiens de faïence (de
Faenza, ville d'Italie à partir de laquelle la faïence s'est répandue en France),
elles se regardent fixement et avec hostilité ; c'est sans doute par référence aux
paires de chiens de faïence qu'on
disposait autrefois face à face de part et d'autre d'une cheminée.
Avant de conclure cette
chronique estivale, mentionnons encore l'expression avoir du chien, qui – généralement appliquée à une femme – signifie
que celle-ci a un charme un peu canaille
(de l'occitan canalha - ensemble de chiens ; a remplacé chiennaille). Enfin, si je vous dis que les chiens ne font pas des chats,
je ne surprendrai personne : cette expression pour laquelle je vous propose
ci-dessous une très jolie illustration, est synonyme de tel père, tel fils, ou encore de bon sang ne saurait mentir.
L'heure est maintenant
venue pour l'auteur de ce billet d'aller chercher un peu de fraîcheur pour se
mettre à l'abri de la canicule, et,
pour tout chien qui se respecte de se
réfugier dans sa niche : et le
lecteur aura sûrement remarqué que ces deux mots sont des anagrammes ! Alors,
si en plus, le chien vient de Chine…
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