En entreprenant ce blog, je me suis fixé un cap : arriver à bon
port sans jamais perdre le nord.
Avant de lever l'ancre, je me suis
dit : "et vogue la galère",
en espérant surtout que mon projet ne prendrait
pas l'eau et ne se transformerait pas en galère.
J'ai donc largué les amarres en espérant ne pas me faire larguer. Je n'ai jamais eu la
prétention d'être une figure de proue
de la blogosphère ; j'espère que j'aurai le
vent en poupe, que les vents me
seront favorables. Après avoir mis
les voiles pour quitter mon port
d'attache j'ai cherché, en louvoyant,
à éviter les nombreux écueils
susceptibles de faire couler mon
projet. En aucun cas, je ne me laisserai mener
en bateau.
Il s'agit maintenant
de garder le cap contre vents et marées.
Il sera toujours temps, si nous rencontrions des vents contraires, de réduire
la voilure. Mon propos n'est pas de faire
des vagues, mais je me dresserai toujours vent debout contre tous ceux qui contribueraient au naufrage de la langue française.
Chères lectrices,
chers lecteurs, souhaitez-moi bon vent
! Si, hélas, victime d'une déferlante,
je devais me retrouver sous l'eau, il
ne me resterait plus qu'à essayer de me consoler en prenant une biture.
vvv
La mer et la
navigation sont omniprésentes dans la langue française comme les montrent les
quelques expressions métaphoriques du texte ci-dessus. La plupart s'expliquent
assez facilement, mais revenons tout de même sur certaines d'entre elles.
Tout d'abord, le blog : ce terme, qui est un anglicisme,
est l'aphérèse (modification phonétique impliquant la perte d'un ou plusieurs
phonèmes en début de mot) d'un mot composé résultant de la contraction de web log. Le log (à l'origine logbook,
log signifiant bûche, morceau de bois
en anglais) désigne un journal destiné à enregistrer les événements marquants
d'une navigation, notamment la vitesse du bateau. Or, pour mesurer la vitesse d'un bateau on utilisait à
l'origine un morceau de bois – en français loch
- fixé à une ligne dont on chronométrait la progression. Cette ligne était
elle-même graduée au moyen de nœuds espacés
de 14,40 m. Et c'est de là que vient l'unité de vitesse utilisée dans la marine
et l'aviation, le nœud qui correspond
à un mille marin (1852 mètres) par
heure.
Être vent debout contre un projet, une
décision … : pour un marin, un bateau est vent
de bout lorsqu'il est placé face au vent, le bout désignant ici l'avant du navire ou la proue. Il est clair que le bateau ne peut alors pas avancer. Être vent debout devrait donc a priori plutôt
qualifier une situation d'impuissance, d'incapacité à progresser. Si
l'expression a pris aujourd'hui le sens d'une très forte opposition à quelque
chose, cela vient peut-être de cette situation de "face-à-face"
opposant le vent et le bateau
Et enfin, prendre une biture, expression très
familière pour dire que l'on s'enivre. La biture
(plus rarement bitture, le mot étant
apparenté à bitte d'amarrage) désigne
la longueur de chaîne de l'ancre disposée sur le pont du navire permettant de
jeter l'ancre le plus rapidement possible. Mais quel rapport, donc, entre une biture et une cuite ? Deux hypothèses :
afin que la chaîne se dévide le plus rapidement possible, elle était souvent
disposée en zigzag, ce qui peut évoquer la démarche du matelot qui aura bu sans
modération. Ou bien, sachant qu'après avoir jeté l'ancre, les marins sont
arrivés au port, ils profitent alors de la terre ferme et de la liberté
retrouvées pour manger copieusement et surtout boire en abondance autre chose
que de l'eau.
Concluons avec la très
belle devise de la Ville de Paris, Fluctuat
nec mergitur. Cette devise, qui signifie "est battu par les flots, mais ne sombre pas" accompagne le
navire représenté sur le blason de Paris, symbole de la puissante corporation des
Nautes de Lutèce, armateurs mariniers
gaulois de la tribu des Parisii. Faisant fi des tempêtes qui émaillèrent son
histoire tourmentée, Paris n'a jamais sombré !
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