vendredi 2 février 2018

Maman les petits bateaux ...


En entreprenant ce blog, je me suis fixé un cap : arriver à bon port sans jamais perdre le nord. Avant de lever l'ancre, je me suis dit : "et vogue la galère", en espérant surtout que mon projet ne prendrait pas l'eau et ne se transformerait pas en galère.

J'ai donc largué les amarres en espérant ne pas me faire larguer. Je n'ai jamais eu la prétention d'être une figure de proue de la blogosphère ; j'espère que j'aurai le vent en poupe, que les vents me seront favorables. Après avoir mis les voiles pour quitter mon port d'attache j'ai cherché, en louvoyant, à éviter les nombreux écueils susceptibles de faire couler mon projet. En aucun cas, je ne me laisserai mener en bateau.

Il s'agit maintenant de garder le cap contre vents et marées. Il sera toujours temps, si nous rencontrions des vents contraires, de réduire la voilure. Mon propos n'est pas de faire des vagues, mais je me dresserai toujours vent debout contre tous ceux qui contribueraient au naufrage de la langue française.

Chères lectrices, chers lecteurs, souhaitez-moi bon vent ! Si, hélas, victime d'une déferlante, je devais me retrouver sous l'eau, il ne me resterait plus qu'à essayer de me consoler en prenant une biture.

vvv

La mer et la navigation sont omniprésentes dans la langue française comme les montrent les quelques expressions métaphoriques du texte ci-dessus. La plupart s'expliquent assez facilement, mais revenons tout de même sur certaines d'entre elles.

Tout d'abord, le blog : ce terme, qui est un anglicisme, est l'aphérèse (modification phonétique impliquant la perte d'un ou plusieurs phonèmes en début de mot) d'un mot composé résultant de la contraction de web log. Le log (à l'origine logbook, log signifiant bûche, morceau de bois en anglais) désigne un journal destiné à enregistrer les événements marquants d'une navigation, notamment la vitesse du bateau. Or, pour mesurer  la vitesse d'un bateau on utilisait à l'origine un morceau de bois – en français loch - fixé à une ligne dont on chronométrait la progression. Cette ligne était elle-même graduée au moyen de nœuds espacés de 14,40 m. Et c'est de là que vient l'unité de vitesse utilisée dans la marine et l'aviation, le nœud qui correspond à un mille marin (1852 mètres) par heure.

Être vent debout contre un projet, une décision … : pour un marin, un bateau est vent de bout lorsqu'il est placé face au vent, le bout désignant ici l'avant du navire ou la proue. Il est clair que le bateau ne peut alors pas avancer. Être vent debout devrait donc a priori plutôt qualifier une situation d'impuissance, d'incapacité à progresser. Si l'expression a pris aujourd'hui le sens d'une très forte opposition à quelque chose, cela vient peut-être de cette situation de "face-à-face" opposant le vent et le bateau

Et enfin, prendre une biture, expression très familière pour dire que l'on s'enivre. La biture (plus rarement bitture, le mot étant apparenté à bitte d'amarrage) désigne la longueur de chaîne de l'ancre disposée sur le pont du navire permettant de jeter l'ancre le plus rapidement possible. Mais quel rapport, donc, entre une biture et une cuite ? Deux hypothèses : afin que la chaîne se dévide le plus rapidement possible, elle était souvent disposée en zigzag, ce qui peut évoquer la démarche du matelot qui aura bu sans modération. Ou bien, sachant qu'après avoir jeté l'ancre, les marins sont arrivés au port, ils profitent alors de la terre ferme et de la liberté retrouvées pour manger copieusement et surtout boire en abondance autre chose que de l'eau.

Concluons avec la très belle devise de la Ville de Paris, Fluctuat nec mergitur. Cette devise, qui signifie "est battu par les flots, mais ne sombre pas" accompagne le navire représenté sur le blason de Paris, symbole de la puissante corporation des Nautes de Lutèce, armateurs mariniers gaulois de la tribu des Parisii. Faisant fi des tempêtes qui émaillèrent son histoire tourmentée, Paris n'a jamais sombré !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire